Une plante bulbeuse
Le Crocus sativus, qui produit le safran, appartient à la famille des Iridacées. C’est une petite plante bulbeuse, au feuillage d’un beau vert sombre. L’oignon, aplati à la base, renflé à la partie supérieure, ordinairement 30 mm, de diamètre sur 20 à 25 mm. de hauteur. Il est enveloppé par plusieurs membranes ou tuniques, dont l’extérieure est constituée par une sorte de filasse.
Du sommet arrondi du bulbe (ou corme) partent des feuilles, ordinairement 6 ou 7, au limbe long et étroit, terminé en pointe et divisé dans le sens longitudinal par une ligne argentée.
Du même sommet de l’oignon partent également les pédoncules floraux, au nombre de deux ou trois portant une très jolie fleur violet pâle, au périanthe allongé, entre les pétales de laquelle apparaissent trois langues ou flèches d’un rouge vif, qui seront le safran, une fois séchées.
Les filaments ont environ 3 cm. de long, ils ont la forme d’un cornet très étroit, évasé à la partie supérieure qui est crénelée et légèrement fendue. Ils se réunissent au nombre de trois par un style grêle, allongé, de couleur jaune, sur l’ovaire, constituant le gynécée de la fleur.
Quant à l’androcée, il est formé par trois étamines portant une anthère allongée, de couleur jaune, qui s’ouvre par deux fentes longitudinales pour laisser échapper le pollen. Mais à vrai dire, sous notre climat, l’ovaire est rarement fécondé.
Aussi, n’est-ce pas par semis que l’on reproduit le safran, mais au moyen des oignons.
Chaque bulbe ne fleurit qu’une fois et fournit avant de disparaître un ou plusieurs oignons nommés « cayeux » par les safraniers, qui prennent naissance sur la partie supérieure arrondie du bulbe. (1)
Le bulbe (Corme)
Également appelé Corme, le bulbe est un organe de réserve qui se présente sous une forme plutôt arrondie sur le dessus, et plate en dessous. De calibre plus ou moins gros, 2 à 5 cm de diamètre, il est recouvert et protégé de fibres. Une fois nettoyé, on peut observer sur le dessus des yeux sombres à partir desquels partiront les feuilles.
En dormance toute la saison estivale, il laisse pousser les feuilles et la fleur à l’automne. Il ne fleurira qu’une seule fois, puis donnera naissance à des Cormus fils, ou cailleux, qui feront fleur à leur tour l’année d’après, et ainsi de suite. Il est donc nécessaire, pour assurer la pérennité de la culture, de déterrer et séparer régulièrement les bulbes pour les replanter.
On calibre les bulbes en fonction de leur circonférence :
Calibre = Ø*???? (diamètre x pi).
Exemple pour un bulbe de 2,6 cm de diamètre, ce qui représente un calibre 8 :
2,6 x 3.14 ≈ 8
Un bulbe doit être au moins d’un calibre de 7 pour fleurir. Les bulbilles, de calibre inférieur, quant à eux grossiront la première année et ne donneront que des feuilles.
Les feuilles
D’un beau vert brillant et marqué, les feuilles appartiennent au bulbe fils et sont longues et étroitement linéaires. En croissance d’Octobre à Mai, elles mesurent de 20 à 50 centimètres pour atteindre leur plus grande taille au printemps.
Le spathe, cette enveloppe fibreuse à la base des feuilles, forme ensuite la tunique du bulbe.
La fleur
Si le bulbe est assez développé (après 1 ou 2 ans), une fleur fait son apparition à l’automne. Elle sort de terre pendant la nuit dans une gaine protectrice blanchâtre, qu’elle va, la plupart du temps, déchirer dans la journée pour s’épanouir.
Six tépales identiques de forme ovale, d’un joli violet parfois veiné de pourpre ou de blanc, sont rangés en deux verticilles : à l’extérieur trois sépales, à l’intérieur trois pétales.
L’androcée est composée de 3 étamines portant des anthères jaunes de 2 cm de long chargées de pollen. Enfin, un style filiforme, incolore et translucide à sa base se divise en trois filaments rouge vif, longs de 3 à 5 cm, parfumés d’une odeur très caractéristique.
Le filament conique s’évase avec, à son extrémité, des papilles caractéristiques.
La fleur ne vit qu’un ou deux jours, c’est pourquoi il est important de la récolter dès son apparition, encore fermée, pour préserver la qualité des pistils.
- Chimie et industrie Vol. 14 – n°6, Georges Pierlot, ingénieur-chimiste I.C.N., 1925.